Alumni D2 2013, Nagui Bechichi a étudié l’économie à l’ENS. Aujourd’hui administrateur de l’INSEE, il participe à plusieurs études statistiques sur les inégalités sociales.
QUI ES-TU ?
Que fais-tu aujourd’hui ?
Je suis administrateur de l’Insee, c’est un grand corps d’État un peu méconnu du grand public. En gros, les administrateurs de l’Insee naviguent entre l’Insee, Bercy [NDLR : Ministère de l’Économie, des Finances et des Comptes Publics] et les services statistiques de tous les ministères pour coordonner la production et la diffusion des statistiques publiques en France. J’ai pris mon premier poste à la direction générale de l’Insee, plus précisément au sein du département des études. J’y travaille sur des sujets liés à la redistribution et aux inégalités sociales, principalement l’éducation et les retraites.
Quel a été ton parcours pour arriver jusque là ?
Après la D2 à Turgot, je suis entré à l’ENS Paris-Saclay (ex Cachan) au département éco-gestion. La scolarité y dure 4 années. J’ai intégré l’ENSAE (école d’ingénieur spécialisée en statistiques / data-science) en parallèle pendant mes années 3 et 4.
J’ai eu des expériences professionnelles assez diverses avant d’atterrir où je suis aujourd’hui.
À mon arrivée à l’ENS, je voulais à tout prix « défier » les règles de l’école et me lancer au plus vite dans une carrière privée. Dès la L3, j’ai choisi de faire mon 1er stage à EDF énergies nouvelles en analyse financière. Je n’ai pas un bon souvenir de ce stage, qui est sans doute arrivé trop tôt dans mes études. Cette expérience a démystifié l’idée que je me faisais du « privé ». Avec du recul, je me dis que ce court stage ne m’a pas du tout permis d’avoir une idée claire de l’étendue des possibles dans le secteur privé mais à l’époque, ça avait été un vrai choc pour moi !
Les années qui suivent, je me suis peu à peu rendu compte, soit parce que l’ENS m’avait doucement changé, soit parce que je me mentais à moi-même depuis le début, qu’une carrière dans le public correspondait davantage à ce que je voulais faire plus tard. J’ai eu notamment des expériences à l’Insee, à l’OCDE et à l’Institut des Politiques Publiques (IPP).
Pourquoi avoir choisi cette activité ?
J’aimais le temps long de la recherche, qui permettait d’aller au fond de ses sujets d’études. Publier ses travaux est aussi très valorisant, là où la production de travaux dans une sphère privée est généralement faite pour rester confidentielle. Mais l’idée de consacrer plusieurs années de sa vie à la réalisation d’articles qui sont en fin de compte lus par 2,3 spécialistes me réjouissait assez peu. J’ai opté pour la statistique publique car elle constituait un sorte de juste milieu: c’est un secteur qui permet de réaliser des travaux qui sont rigoureux scientifiquement, mais qui ont pour objectif premier d’être accessibles et utiles au plus grand nombre.
En plus du changement de poste qui intervient tous les 3 ans environ, des responsabilités purement managériales arrivent au fil de la carrière, ce qui la rend particulièrement diversifiée.
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Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais aujourd’hui ?
Sans doute la participation à des échanges et la contribution à des travaux dont l’attente publique est grande: par exemple, je me rends ponctuellement aux réunions du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) qui est sur le devant de la scène avec la réforme. L’Insee aura aussi un rôle important pour anticiper l’impact économique et social de la crise du Covid19.
De quoi es-tu le plus fier ?
Je suis fier d’avoir profité de mes études pour prendre le temps de remettre en question ce que je voulais faire de ma vie professionnelle, en n’écoutant personne d’autre que moi-même.
LA PRÉPA ENS D2
Pourquoi avais-tu choisi la prépa ENS D2 ?
Je suis un S frustré qui, après avoir adoré la spécialité SES en seconde, aurait voulu poursuivre en ES. La prépa D2 permettait de rattraper cela en alliant les maths à de l’économie. Pas encore très mobilisé dans les études, j’avais envie de poursuivre dans une voie rigoureuse mais la CPGE classique me faisait peur, le positionnement de la D2 était donc tout à fait adapté!
Qu’est-ce que la prépa t’a apporté pour la suite de ton parcours ?
Je ne sais pas si c’est la prépa ou le fait de grandir tout simplement, mais j’ai compris que l’on fournissait un effort dans les études uniquement pour soi, et qu’en dehors des études il n’y avait pas de raccourci pour tout le monde.
Je suis passé de l’élève un peu désintéressé à l’élève qui a la dalle, en rationalisant mon travail, en me fixant des objectifs et en m’entourant de camarades motivés. Quand on prend le rythme, on ne se rend même plus compte que l’on fournit un travail monstrueux.
Quel est ton conseil pour les étudiants actuels ?
Dès les premiers mois de CPGE, renseignez-vous bien sur toute l’étendue des possibles dans le supérieur. On a un système qui est malheureusement assez peu lisible, mais il existe une variété monstrueuse de voies et de passerelles permettant de faire ce qui nous plaît !
LE MOT DE LA FIN
Une anecdote sur la prépa, tes stages, tes jobs ?
La première qui me vient naturellement à l’esprit: mon prof de maths de Turgot est désormais mon collègue à l’Insee, on se tutoie et on mange souvent ensemble !
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