En 2014, Jehanne Dussert a décidé de ne pas poursuivre sa deuxième année en CPGE D1 au Lycée Turgot. À la place, elle a poursuivi plusieurs cursus à la fac jusqu’à créer son propre métier : celui de juriste-développeuse. Explications.
QUI ES-TU ?
Que fais-tu aujourd’hui ?
Je suis juriste spécialisée en cyberjustice (utilisation des nouvelles technologies dans la résolution des différends) et étudiante à 42 depuis octobre 2019. L’objectif étant à terme de créer ma propre legaltech, d’enseigner et de devenir juriste-développeuse !
Quel a été ton parcours pour arriver jusque là ?
Après le lycée, j’ai intégré la prépa D1 à Turgot. Mais après un an, il m’a fallu me rendre à l’évidence : ce cursus n’était pas fait pour moi, j’ai donc basculé vers la fac en licence de droit général à l’Université Panthéon-Sorbonne.
Je craignais le fait de ne pas être encadrée à la fac et c’est en fait tout le contraire qui s’est produit : mes chargés de travaux dirigés, au-delà d’être de bons enseignants, étaient vraiment présents pour nous et encourageants ! C’est grâce à eux que j’ai pris progressivement confiance en moi ainsi qu’en mes capacités. À côté de cela, la faculté me permettait d’avoir une liberté intellectuelle que je ne connaissais pas jusqu’à présent. J’ai pu suivre des cours d’art oratoire, participer à des concours de plaidoirie, créer ma propre association de lutte contre les discriminations, et organiser des conférences grâce à l’aide précieuse de mes enseignants et de l’Association Française des Femmes Juristes (AFFJ). À la fin de ma licence, j’ai effectué un premier stage au sein d’une association de lutte contre le proxénétisme (les Equipes d’Action Contre le Proxénétisme – EACP).
Par la suite, j’ai fait le choix de m’orienter vers le Master 1 Justice, Procès, Procédures de la Sorbonne. En parallèle, j’ai intégré l’Institut de Criminologie et de Droit Pénal de l’Université Panthéon-Assas en sciences criminologiques et effectué un stage durant 6 mois auprès d’une avocate spécialisée en droit pénal des mineurs à temps partiel. À l’issue du Master 1, j’ai eu la chance de réaliser un nouveau stage au sein d’une étude notariale en droit immobilier principalement.
Pour mon choix de spécialisation, je me suis tournée vers le Master 2 Cyberjustice de la Faculté de droit de Strasbourg car la formation proposait d’étudier de nombreuses matières relatives au droit sous le prisme des nouvelles technologies et me permettait de me rapprocher d’institutions européennes. J’ai poursuivi mes études de criminologie à Assas en sciences criminelles et débuté une licence d’informatique en cours du soir à distance au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) de Reims. Etudier dans trois villes, dans trois domaines différents, fut extrêmement stimulant. Mes études ainsi que mes expériences professionnelles m’ont permis de réaliser qu’un seul futur métier ne me suffirait pas à m’épanouir pleinement. J’ai donc décidé d’imaginer la profession de mes rêves : celle de juriste-développeuse. En parallèle de mes études, j’ai effectué un premier stage au Conseil de l’Europe à la Commission Européenne pour l’Efficacité de la Justice (CEPEJ) qui fut sûrement ma meilleure expérience grâce à ma tutrice de stage dont l’exigence couplée à la bienveillance m’ont poussée à me dépasser. Mon stage final de Master 2 s’est déroulé au Laboratoire de Cyberjustice de l’Université de Montréal, souhaitant avoir une première expérience à l’étranger.
Afin d’acquérir rapidement la casquette de développeuse, je me suis soumise à l’épreuve de la Piscine de 42 en juillet 2019, quelques jours après mon retour en France. J’y étudie depuis octobre et suis en parallèle des formations courtes (Join Lion, The_Hacking_Project). J’écris également des articles et participe à des conférences en matière d’algorithmes et de droit.
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Pourquoi avoir choisi cette activité ?
Peu de temps après avoir intégré mon Master 2, j’ai compris le rôle fondamental du développeur dans les problématiques juridiques d’aujourd’hui et de demain. La rentrée ayant débuté et les inscriptions au CNAM arrivant à leur terme, j’ai eu peu de temps afin d’évaluer si le fait d’investir dans une nouvelle formation en valait ou non la peine. Après quelques recherches, et ne trouvant pas de profils similaires au mien, j’ai fait le pari de me lancer dans une voie complètement inconnue, malgré l’incompréhension de certaines personnes de mon entourage.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais aujourd’hui ?
Le fait de pouvoir imaginer, créer, et la technicité que j’ai acquise avec 42. Egalement, l’enseignement en peer-to-peer a été une formidable révélation pour moi. Sans entraide, l’école ne fonctionnerait pas, ce qui nous pousse à être solidaires, à prendre tantôt le rôle d’élève, tantôt celui d’enseignant lors des évaluations par exemple.
De quoi es-tu la plus fière ?
De la fierté de mes proches et de ne pas avoir baissé les bras malgré les difficultés rencontrées !
LA PRÉPA ENS D1
Pourquoi avais-tu choisi la prépa ENS D1 ?
Je souhaitais approfondir mes connaissances en économie et découvrir un nouveau champ d’études, ce qui m’a conduite à intégrer la prépa D1 de Turgot. Le format prépa/fac m’attirait également de par son originalité.
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Qu’est-ce que la prépa t’a apporté pour la suite de ton parcours ?
L’épreuve des khôlles m’a particulièrement aidé lorsqu’il m’a fallu passer des entretiens ou d’autres oraux à la fac.
Quel est ton conseil pour les étudiants actuels ?
Suivez votre intuition et n’ayez pas peur de l’échec !
Vous souhaitez prendre contact avec Jehanne Dussert ? Rendez-vous sur l’annuaire Turgot Alumni 2019-2020 !